Praticien Hospitalo-Universitaire Pneumo-pédiatre Service de Pneumologie et Allergologie Pédiatriques Hôpital Universitaire Necker Enfants Malades Paris
Médecin, Microbiologiste, Responsable Scientifique de la Gregory Pariente Foundation
Praticien Hospitalier Pneumo-allergologue Pneumo-pédiatre Service de pneumologie-unité d’allergologie CHRU Strasbourg Service de pédiatrie CHR Haguenau
La Gregory Pariente Foundation a choisi de se consacrer exclusivement à l’asthme de l’adolescent suite au décès de Gregory, à 14 ans, d’une crise d’asthme aiguë grave, et Gregory n’est pas le seul :
Un adolescent décède toutes les 3 à 4 semaines en France.
L’asthme est fréquent : dans une classe de 30, il y a 3 à 4 adolescents asthmatiques.
C’est la maladie chronique la plus fréquente chez l’adolescent.
Il s’agit d’une maladie inflammatoire chronique des bronches. Elle est dite multifactorielle car l’inflammation de la paroi bronchique peut être d’origines différentes. Celle-ci est plus ou moins importante au cours de la vie, changeante d’une année à l’autre pour une même personne. Les conséquences de cette inflammation sont variables, allant de la simple toux au cours d’un fou rire à l’asthme asphyxique.
Une bronche enflammée est une bronche fragile, plus susceptible à son environnement. Elle peut donc réagir de façon exagérée lorsqu’elle est exposée notamment au froid, au brouillard, à la pollution, à la fumée de cigarette, à un virus ou à un allergène. Les allergènes les plus courants sont les pollens, les acariens de la poussière du domicile, ceux portés par les poils des animaux, certaines moisissures ou les aliments.
La réponse exagérée des bronches à son environnement s’appelle la bronchoconstriction, elle est secondaire à la contraction du muscle qui entoure les bronches.
En étant insuffisamment traitée ou mal traitée, l’inflammation de la paroi bronchique peut augmenter. Les muscles péri-bronchiques se contracteront alors plus souvent. Ceci sera à l’origine de signes d’allure parfois banale, comme la toux lors d’un fou rire, du sport. Mais ceci pourra également provoquer un serrement dans la poitrine, des sifflements voire une gêne respiratoire plus ou moins importante. A son maximum, cette inflammation aboutira à la fermeture des bronches par un œdème important (gonflement de la paroi des bronches) et à leur encombrement par des sécrétions, sortes de bouchons dans les bronches. Nous avons tenté de rapporter ces différents signes dans ce poème.
Ces symptômes peuvent être présents chez une même personne, au cours d’une même crise. C’est le scénario que nous avons retenu dans le poème “la bronche et l’adolescent“. Mais bien souvent ils apparaissent à des moments différents, parfois éloignés dans le temps, ce qui rend le diagnostic d’asthme parfois difficile. Le recours à un spécialiste (pneumologue, pneumo-pédiatre) s’avère le plus souvent nécessaire. Son expérience lui permet de déjouer les pièges de cette maladie, il peut pratiquer des mesures sensibles du souffle (épreuves fonctionnelles respiratoires), réaliser un bilan étiologique, c'est-à-dire trouver les causes de l’asthme, pour adapter au mieux le traitement.
Il est donc indispensable que tu sois à l’écoute de tes bronches qui souffrent de façon indolore. Entends les signes variables de détresse qu’elles peuvent t’envoyer avant qu’il ne soit trop tard. Lorsque tu perçois des signes d’asthme, prends ton traitement de secours appelé “bronchodilatateur“ qui empêchera la contraction du muscle péri-bronchique. Son action est le plus souvent limitée (4h environ) et il est inactif sur l’inflammation des bronches.
Si ces signes se répètent plus de deux fois par semaine, cela signifie que l’inflammation des bronches est trop importante et un traitement dit “de fond“ à base de corticoïdes inhalés te sera proposé par ton médecin.
Réduire l’inflammation de tes bronches devient essentiel et demande plus de temps. La prise du traitement de fond doit rester quotidienne. Pour te faciliter la vie, sache que l’on dispose de médicaments qui associent les deux substances dont tu as besoin, un bronchodilatateur et un corticoïde inhalé dans un seul et même système d’inhalation afin de simplifier la prise de ton traitement de fond.
Nous te conseillons de voir une fois par an un pneumo- pédiatre ou un pneumologue. Il pourra ajuster au mieux ton traitement à l’importance de ton inflammation bronchique et à tes signes d’asthme. Il te prescrira la stratégie de traitement la plus adaptée à ton cas et pourra même, en toute sécurité, te proposer d’interrompre ton traitement dit “de fond“. Le but est que tu puisses tout en étant asthmatique mener une vie normale.
Tes bronches se font entendre, elles sont mécontentes Déjà de longs mois qu’elles sont en attente
D’être entendues par toi, leur partenaire attitré.
Alors l’une d’entre elles décide de t’interpeller:
"Longtemps tu m’as négligée Parce que contrairement à moi Tu ne souffres pas
Cela ne peut vraiment plus durer Ne partageant pas ma souffrance, J’ai envie de crier
Car tu m’as plus qu’énervée Je suis même en transe
Je vais clairement te montrer Que je suis bien là
Et bien sûr continuer A bas bruit mes dégâts
D’abord, c’est la toux, première secousse Que je t’envoie et tu tousses, tu tousses Tu réussis même à me donner la frousse Car elle ne s’arrête pas d’un pouce
Puis quand tu te mets à rire Ou que tu as un fou rire
Alors même que tu respires
Je m’immisce dans ton fou rire
Je prolonge ta toux de façon anormale Pour ta petite amie, c’est même infernal Elle ne comprend pas ton comportement Une sorte d’aboiement
Totalement ahurissant
Et se demande si tu te moques d’elle à l’instant Elle cherche à te le dire...
Et toi tu n’as plus envie de rire
Le malaise s’est installé
Il va te falloir t’expliquer Sinon la prochaine fois C’est Cathy qui s’énervera.
Pour changer, j’interviens dans ton sommeil Et tu n’auras pas que des merveilles
Je te réveille en relançant ta toux
Il y a longtemps, oui c’est fou
Que je te réclame mon traitement
Quand vas-tu m’écouter maintenant?
Pour que tu me considères
Mon nouveau signe hebdomadaire
Une sorte d’angoisse va s’installer
Qui va finir par t’oppresser
Une fois encore aucune considération Puisque j’ai fini par partir sans explications.
De me voir rétrécie, je n’ai pas apprécié
Car à présent, je suis obstruée
Tu m’amènes à siffler
Dans ta poitrine, pour que tu te mettes à m’écouter
Mais faute d’enfin me porter attention Cette fois sans modération
J’ai décidé de te couper le souffle Alors que tu t’essouffles
Tu ne me laisses pas d’autre choix que de me fermer
Et de concert, les autres bronches vont m’accompagner Ce n’est pas, cette fois encore, la première Malheureusement, ce sera la dernière»